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| Leur monde à eux | |
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Back to angel Gardien de la forêt
Nombre de messages : 1844 Age : 37 Localisation : Dans mes pensées, perdu comme d'habitude ... Date d'inscription : 21/08/2005
| Sujet: Leur monde à eux Mar 22 Aoû à 16:41 | |
| Un bouquin parmi tant d'autres que j'ai commencé à écrire ...
PS : apparemment, toute la mise en page à sautée, la galère ...
Ce lien inexistant ...Chapitre 1, Septembre 1997 - Septembre 1998(Narrateur : Shawn)
-Wow ... Voici la première chose qui m'est venue à l'esprit lorsque je l'ai vue pour la première fois ... "m'", c'est moi, Shawn, superbe athlète d'un mètre quatre-vingt cinq, un Q.I. impressionnant ... Enfin tout du moins, c'est ce que je rêverai d'être. A la place de ça, j'ai à peine 17 ans, et je suis un gars des plus banals, un parmi tant d'autres : j'ai une taille "standard" (1m78), qui rentre dans la moyenne de mon lycée, un visage qui est loin, très loin d'être original (cheveux noirs, yeux marrons, un nez au milieu de la figure ... Le profil-type de monsieur tout le monde ...), et c'est pas trop ça au niveau de l'intelligence (j'ai déjà redoublé, ce qui fait que je rentre à peine en seconde alors que j'ai fêté mon dix-septième anniversaire le mois passé) bref, rien d'extraordinaire, au contraire même ... Pour ne rien arranger, je suis la personne qui est sans doute la plus effacée, la moins remarquée du Lycée, j'évite les autres, je baisse la tête pour ne pas croiser les regards, et je n'ouvre quasiment jamais la bouche ... Ça finit mon portrait, on dirait un peu "l'homme invisible" ... "L'", elle, c'est Léa. Une fille "parmi les autres" diront certains, les mauvaises langues, car elle dépasse ces "autres", et elle ne laisse personne indifférent ... De mon point de vue, elle représente une sorte de perfection inachevée, comme si on ne lui avait pas laissé assez de temps pour mûrir ... Ce n'est pas qu'elle soit immature, bien au contraire, mais c'est comme si certaines actions, certaines choses ne lui avaient pas été enseignées assez tôt, et en particulier la notion de travail ... Ce n'est pas tant le fait de travailler qui la dérange, mais on dirait qu'elle n'a jamais le temps pour s'y mettre, ce qui a eu pour conséquence, l'an passé, des résultats scolaires bas, très bas pour une collégienne ; pour donner un ordre d'idée, elle a eu des résultats qui étaient inférieurs aux miens, moi qui n'ai pourtant rien d'un premier de classe, ou alors premier en partant de la fin ... Il paraît aussi qu'elle aurait perdu une année de cours, il semble qu'elle ait été hospitalisé près de six mois alors qu'elle devait entrer en CE2, et elle a donc redoublé une classe. Elle a la santé fragile, mais c'est surtout parce qu'elle s'inquiètes plus des autres que d'elle-même ... Peut-être sa santé est-elle à l'origine de ses bas résultats, j'imagine qu'être coupé de la scolarité en CE2 pour perdre une année seule, ça ne doit pas être facile à encaisser, surtout à cet âge-là ...Toujours est-il que c'est là son seul défaut, le travail scolaire, mais en ce qui concerne le reste, c'est là que la notion de "perfection prend tout sons sens à mes yeux. Elle est la personne la plus belle qu'il m'est été donné de voir jusqu'à maintenant, et je viens pourtant de changer d'établissement scolaire, donc la concurrence est accrue, mais cette beauté n'a d'égal que la gentillesse qui caractérise cette fille, une gentillesse et une sympathie à toute épreuve, et force m'est de constater que je n'ai pu lui trouver aucun ennemi, et aucune ennemie non plus : tous les garçons qui ont eu l'occasion de la voir sont tombé sous son charme ; toutes les filles qui l'ont approchées l'ont appréciées, et nombres d'entre-elles en ont fait leur confidente, une confidente idéale car toujours là pour les autres, quelle que soit l'heure ou le lieux. C'est dans sa nature, aller vers les autres. Quel est le lien qui nous uni, pourrait-on se demander ... Hé bien j'ai eu beau chercher comme je le pouvais, je n'ai pas pu en trouver. Il y a juste qu'on se connaît, qu'on s'est "rencontré", l'an dernier, alors que nous étions tous deux dans la même classe de Troisième ; quand je dis qu'on se "connaît", c'est pas exactement ça, ce n'est pas connaître dans le sens "on se dit tout", ce serait plutôt le genre "on connaît le nom de l'autre et ça s'arrête là" ... On ne s'est parlé que deux fois durant l'année de Troisième (qui dure pourtant 10 mois, comme toute année scolaire qui se respecte) : une fois parce qu'elle cherchait un mouchoir et que j'étais la personne la plus proche, et une seconde fois lors d'un débat en cours de français, autant dire qu'on est des inconnus l'un pour l'autre ! Donc voilà, c'est dans ce sens-là que j'entend qu'on se connaît, c'est juste qu'on a conscience de l'existence de l'autre, et rien de plus. Et aujourd'hui, ce que l'on peut remarquer, c'est que je viens de passer une année complète dans un amour dissimulé et (probablement) non partagé ... C'est un des gros désavantages de la timidité, on ne dit jamais ce qu'on ressent à la personne aimée, ce qui fait qu'on ne connaît pas ses sentiments non plus ; et plus le temps passe, plus on se dit que nos sentiments ne sont pas réciproques, et l'on doute de plus en plus, et cela finit par le fait qu'un couple ne se forme pas, simplement à cause de la "lâcheté" d'un des deux ... Et c'est ce que je suis, au fond, un lâche car, en un an, je n'ai pu me résoudre à lui avouer que je l'aimais, j'avais peur de lui dire. Pour quoi cette peur ? Oh, elle n'est pas difficile à comprendre, en ne lui disant rien, elle continuait de m'ignorait, ne pas me voir (c'était bien évidemment involontaire, hein !) donc je pouvais la voir comme je voulais durant les périodes scolaires, elle ne me fuyait pas ; ma crainte principale, c'était que si justement je me déclarais et qu'elle me repoussais (version la plus probable), elle m'éviterait par la suite, pour s'épargner la gêne que pourrait lui occasionner ma présence. En ne disant rien, j'étais triste, certes, mais je pouvais toujours la voir ... Un moyen comme un autre de justifier ma lâcheté. C'est un peu comme lors d'une rupture, la pire crainte de la personne encore éprise de l'autre, c'est justement de ne plus pouvoir s'approcher de son [ancien] amour. Une autre raison, c'est son comportement vis-à-vis des autres. Oh, non, je ne veut pas dire par là qu'elle est désagréable, j'ai d'ailleurs vanté sa sympathie il y a peu, mais je parle là de son comportement avec les garçons, ou plutôt devrais-je dire son comportement avec ses "prétendants". Hé bien oui, évidemment, telle que j'ai décrite cette fille, chacun peut se rendre compte à quel point elle est extraordinaire, et elle en devient très convoité ! Imaginez, un conjoint sympathique, aimable et souriant, d'une beauté hors normes et qui, en plus, est toujours à votre écoute ... Franchement, qui serait assez fou pour refuser ça ! Donc voilà, une personne pareille, ça attire beaucoup de monde, mais aussi fou que cela puisse paraître, tous s'y sont cassé les dents : les beaux garçons, les "Einstein", les sportifs, tous les garçons spéciaux, qui excellent chacun dans une qualité physique ou morale, tous ont tenté leur chance, et tous sont repartis bredouilles. Certains ont même laissé entendre qu'elle devaient penser qu'ils n'étaient pas assez bien pour elle, qu'elle recherchait la perfection ... Pour ma part, je ne sais quoi penser, mais je ne serait pas surpris que cette rumeur soit fondée. Non pas qu'elle se comporte comme une "miss univers", c'est plutôt que c'est la seule explication logique, je n'en voit que très peu d'autres, aussi farfelues les unes que les autres ... Un amour secret ? Une homosexualité cachée ? Nan, franchement, elle devait juste attendre que quelque chose de meilleur se présente, elle pouvait se le permettre, la perfection attire la perfection. Cela expliquerait aussi la rumeur fondée selon laquelle elle ne serait jamais sortie avec quelqu'un, chose que l'on croirait pourtant impossible ... Quoi qu'il en soit, avec la foule de prétendants impressionnants qui avaient lamentablement échoué, j'ai abandonné l'idée de me déclarer un jour, ne rien lui demander, ça me permet de ne pas entendre une réponse que je détesterai ... Je reste donc seul et secrètement amoureux, elle reste donc seule et mystérieusement secrète. Ce raisonnement est néanmoins très pesant, et apporte son lot de mauvaise humeur et de regrets. Au fil du temps, on commence à regretter son inaction, on se dit qu'on aurait au moins dû essayer, ne serait-ce que pour être fixé. La réponse en devient presque secondaire, que cet amour soit ou non accepté n'est pas le but principal ; le but principal, c'est de ne plus se morfondre, et avoir une réponse même négative permet de ne plus passer son temps à se demander ce que l'autre aurait répondu. Regretter son inaction, c'est un regret, et force m'est de constater que, dans mon cas, il n'a eu de cesse de croître tout au long de l'année, sauf à un moment particulier ... En Mai-Juin ! A parti de Mai, sans que je n'y prête attention, je n'ai soudain plus du tout vu Léa, je ne la remarquais plus, je n'étais plus gêné de la voir, c'était comme si j'avais oublié le reste de l'année passée. Mes pensées, tournées vers un autre objectifs, avaient oubliées par la même occasion que j'étais amoureux, et me faisaient agir comme si je ne l'avais jamais été. Au contraire, je me concentrai sur l'examen de fin d'année, le premier diplôme de ma courte vie ; oh, il n'étais pas très important du point de vue de l'utilité, car pratiquement tout le monde l'a de nos jours, ce qui a grandement fait chuter sa valeur sur le marché de l'emploi, mais pour moi, c'était l'objectif à atteindre ; après avoir passé une année à ne presque rien faire, il étais important que je me reprenne en main juste pour le fin de l'année, pour avoir ce diplôme, pour pouvoir dire que je l'avais eu. Je me suis donc mis à travailler sans regarder ce qu'il y avait autours de moi, j'ai rattrapé les bases que je n'avais jamais appris, mes résultats scolaires ont fait un bond impressionnant, m'envoyant parmi le premier tiers de la classe ... Même pendant les cours, j'étais seul, je ne voyais qu'à peine les autres élèves, je me concentrais sur les paroles de professeurs, et j'étais bien, car mes pensées n'étaient plus torturées, elles étaient au contraire simples, nettes et précises : Travail ==>Diplôme. Et pendant toute la durée des examens, je ne l'aie pas vue, et sans m'en rendre compte qui plus est ... Ca ne m'a aucunement pesé sur le moment, presque aucune fois. Il y a bien eu quelques fois où, entre deux périodes de travail, je me reposais, et je pensais à elle, mais je me replongeais immédiatement dans le travail, et j'en oubliais de nouveau son existence. La nuit, où j'avais l'habitude de penser à tous les évènements de la journée, et de repenser surtout à elle, je réfléchissait à des problèmes de mathématiques et passais en revue toutes les dates historiques que je connaissais ... C'est comme si je n'étais plus moi ... Plus dure encore en fût le retour à la réalité ... Durant les épreuves du brevet, j'étais encore bien, tous mes sens fixés sur cette feuille d'exercice dont la simplicité m'étonnais : les révisions intensives n'avaient pas été superflues, bien au contraire ... Mais le revers de la médaille, c'est que cette simplicité a eu pour conséquence que lors de la dernière épreuve, les math, j'avais finit bien avant la fin du temps qui nous était impartis. Et là, près avoir plusieurs fois relu mon travail, j'ai relevé la tête, et je l'ai vu. Elle était là, juste devant moi, depuis le début des épreuves, et je n'avais pas pu la remarquer avant ... Sans crier gare, tous les sentiments que j'avais occulté depuis deux mois me sont revenus d'un coup en mémoire, et je me suis rendu compte de ma stupidité : après cet examen, il n'y avait plus de cours, ce qui voulait dire que je ne la reverrai plus, et qu'avais-je fait ces deux derniers mois, les deux derniers mois où je pouvais l'admirer à loisir ? J'avais tout simplement passé mon temps à ne pas la voir. Conscient de mon imbécillité, j'ai passé le reste de l'épreuve à la regarder, à l'observer, à l'admirer, tout en me disant que j'étais un crétin fini. Et l'épreuve à pris fin. Et elle est sortie de la salle. Et je suis resté seul. Les épreuves étaient finies, elle était partie, je venait de perdre la dernière occasion de lui avouer mon amour. Le temps à passé, les résultats sont arrivés, et j'ai reçu haut la main mon diplôme. Quand je suis revenu à l'orphelinat, une sorte de petite fête post-résultats avait été organisées ... Je crois que j'avais oublié de mentionner que j'étais orphelin, non ? Je n'ai plus de parents, et j'habite là faute de mieux, ça me permet de rencontrer d'autres enfants, avec qui je m'entend très bien ... J'ai même dissimulé aux élèves de mon ancienne classe que je vivais en orphelinat, je ne veux la pitié de personne, je sais bien qu'il y quelque part quelqu'un qui aimerait bien avoir ma place. Quoi qu'il en soit, quelques personnes du personnel avaient organisé une petite fête pour saluer les diplômes que leurs résidants avaient obtenues, des brevets, de BAC, on avait pas mal réussit, plus de 3/4 de ceux qui avaient passé un diplôme l'avaient eu, ce qui explique la fête monumentale qui eu lieu, ce qui est assez rare pour notre orphelinat. Après les résultats, les vacances sont arrivées, la liberté d'agir comme bon nous semble ... et surtout d'errer dans les rues sans but aucun pour trouver une occupation ! Je n'ai jamais aimé les vacances. Non pas que j'adore le travail, ce n'est pas franchement mon style, mais c'est juste que j'aime avoir quelque chose à faire, avoir réellement un but à atteindre. Or, là, je n'en avais aucun sous la main, et je passais donc le plus clair de mon temps à déambuler dans les rues, à la recherche d'une occupation plus intéressante. Et deux mois ont ainsi passé. Septembre, le mois de Septembre, ce fameux mois où les jours, les premiers jours, apparaissent plus comme les dernières secondes d'un compte à rebours que comme des jours de vacances. Pour certains, la rentrée est, sans être une bénédiction, au moins le moyen d'avoir quelque chose à faire de ses journées. Pour les autres, la grande majorité, en revanche, c'est le début du travail scolaire, des devoir à répétition, et de l'Objectif ... Cet objectif, d'avoir des résultats suffisamment élevé pour se faire remarquer tout d'abord en tant qu'élève hors pair, puis pour préparer son avenir ... | |
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| Sujet: Re: Leur monde à eux Mar 22 Aoû à 16:41 | |
| Nombreux sont ceux qui considèrent la classe de Seconde comme l'antichambre de leur avenir scolaire ; il est vrai que les grandes écoles réputées étudient les dossiers des candidats à l'admission, et les trois années de labeur que sont les années de seconde, première et terminale sont dans ce cas valorisées : en ayant été constant dans ses résultats (ce qui signifie avoir eu une moyenne générale trimestrielle n'allant pas en dessous de 16/20 pendant les trois ans), l'avenir scolaire est bien évidemment garanti, l'élève "moyen" se situant entre 11 et 12. Travailler, encore et encore, et dans le seul but d'intégrer une nouvelle école qui nous fera travailler encore plus pour qu'en en sortant, nous récupérions un "bon travail" ... Pathétique ... Travailler pour avoir plus tard du travail est une chose qui me dépasse. Pour ma part, vivre au jour le jour, c'est ça la vraie vie. Pas d'attache, pas de travail fixe, rien, juste la liberté. C'est pour ça que j'ai directement été implicitement rangé non pas dans la seconde catégorie d'élèves, qui sont les élèves "moyens", qui travaille sans savoir pourquoi, mais dans la troisième catégorie : les faignants. Ce petit groupe, qui n'a aucune existence réelle, sert juste à désigner les "irrécupérables", ceux qui ont choisi, selon les critères des enseignants, de gâcher leur avenir pour profiter de leur présent. Ces critères, je souhaiterai bien les remettre en cause, mais que puis-je répliquer aux enseignants ? Après tout, s'ils ont ce métier, c'est qu'ils font partie de la catégorie des personnes qui ont travaillées pour avoir un travail fixe, ils n'ont pour la plupart jamais fait partie de la troisième catégorie d'élèves, et ne raisonnent que selon leur propre expérience : ils nous jugent selon des critères de travailleurs fixes, nous, le troisième groupe, le groupe des électrons libres ... Remettre en cause leur jugement ne nous mènerait à rien, puisque leur raisonnement est bon, c'est juste qu'il leur manque des données sur ce que ressentent vraiment ces élèves. A force de sermons, peut-être réussiront-ils à tirer de cette catégorie certains membres, ceux qui oscillaient entre suivre le mouvement des autres élèves travailleurs et intégrer le groupe de marginaux que nous sommes, mais une minorité restera en place, une minorité dont il est sûr que je ferai partie : l'avenir, c'est loin. Moi, ma vie, j'ai au moins conscience qu'elle peut finir à tout moment. En traversant la rue. En allant dans des quartiers où je n'ai pas ma place. En allant à la banque. Mes marginaux du troisième groupe, ce sont ceux qui n'ont pas de passé heureux, et qui veulent encore moins construire un avenir oppressif. Ce troisième groupe dans lequel j'ai été classé, jamais je ne l'avais vu aussi large, jamais au cours de ma courte scolarité ... Près d'un tiers de ma nouvelle classe ... Oh, bien sûr, parmi ces dix élèves, seuls cinq seraient encore dans cette catégorie à la fin de l'année scolaire, et deux ou trois seulement pourraient y rester jusqu'à la fin de leur scolarité, mais personne ne s'en soucie : comme je l'ai dit, ma catégorie vit au jour le jour, et ce jour-là, à la rentrée, elle comptait dix membres dans ma classe. Douze garçons, dix-huit filles, tout juste trente élèves ... Dans les têtes connues, quatre ou cinq, il y avait un ami à moi, un garçon de la taille d'un enfant de 14 ans, les cheveux d'un noir impressionnant, mais d'une sympathie et d'une énergie inimaginable, un gars et deux filles que je ne connaissait que de vue, et surtout ... Elle ... Oui, Elle, Léa, dans la même classe que moi ! Sur les huit classes de Seconde de ce lycée, nous sommes tous deux tombé dans la même, un bonheur pour moi . Après les remords que j'avais eu lors des épreuves du Brevet, de ne pas l'avoir assez regardé, le hasard avait voulu que nous soyons dans la même classe une année de plus, comme s'il me donnait une seconde chance : on efface l'inactivité du collège, on reprend à zéro ! Hum, plus facile à dire qu'à faire ... Ainsi a commencée cette nouvelle année scolaire, c'est à dire pleine d'ambitions et de bonnes résolutions. Mais ça n'a évidemment pas duré. Les jours s'enchaînaient les uns après les autres, las cours étaient toujours aussi peu passionnants, comme quoi certaines choses ne varient pas vraiment entre le collège et le lycée. Et puis peut-être était-ce aussi parce que Léa était là que j'avais du mal à me concentrer sur le barra tin habituel du professeur, car toutes mes pensées étaient tournées vers elle, ce qui est une habitude chez moi quand je la vois. De mon point de vue, elle avait encore embelli durant les vacances scolaires. Sa peau s'était quelque peu assombrie du fait de son bronzage, ce qui lui allait ma foi très bien car cela faisait ressortir encore un peu plus ses longs cheveux couleur or. Mais une telle beauté ne peut pas être ignorée par tous ... Après quelques heures de cours, je me suis rendu compte que beaucoup d'élèves avaient, tout comme moi, quelque peu du mal à suivre les paroles des enseignants, comme s'ils pensaient à autre chose ; et c'était malheureusement le cas, il semble que nombre des garçons de cette classe n'avait d'yeux que pour Léa. Que faire, que dire ? Après tout, je ne peut en blâmer aucun puisque moi-même ne pouvais m'empêcher de l'admirer à la moindre occasion qui se présentait, mais tout de même ... Quelque part, en la revoyant dans la même classe que moi, je m'étais mis à penser que c'était une chance de reparti à zéro, mais j'avais complètement oublié le fait que pour de nombreux autres garçons, c'était aussi un départ ; le lycée apportait un lot de nouveaux prétendants auxquels je n'avais pas songé, et mon imbécillité m'impressionnait moi-même. Même dans le bus, celui que j'empruntait pour retourner à l'orphelinat le soir, il n'était pas rare qu'un ou deux bellâtres se rapprochent d'elle au cours du trajet pour la draguer. Jamais, néanmoins, elle ne cédait aux avances, et je me suis senti revenir une année en arrière, lorsqu'elle refusait systématiquement tous ceux qui lui faisaient des avances. Pour appliquer mes bonnes résolutions, ça allait être très dur, et j'ai donc à nouveau fait le choix de ne rien dire, sans pour autant parvenir à savoir si cette solution était ou non la bonne. | |
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| Sujet: Re: Leur monde à eux Mar 22 Aoû à 16:41 | |
| Special, he's specialChapitre 2, Septembre - 18 Octobre 1998(Narratrice : Léa) Certaines personnes se plaignent de ne pas avoir de succès auprès des garçons ; moi, je me plains plutôt de l'inverse. Je sais ce que pourraient penser les gens en voyant ce que j'écris ici, ils penseraient probablement que c'est injuste que je réagisse de la sorte, que eux feraient tout pour attirer les garçons comme je le fais, mais ils oublient néanmoins une chose : certaines personnes ne souhaitent pas particulièrement plaire. C'est mon cas. Plusieurs garçons viennent régulièrement tenter leur chance, mais que faire ? Après tout, je ne crois pas avoir dans le dos un écriteau où l'on aurait griffonné sous l'effet du désespoir "recherche petit ami - urgent". Ma vie me plaît comme elle est, et je ne recherche pas particulièrement de compagnon, je veux juste continuer à être comme je suis, car c'est comme ça que j'aime être. Et dans des moments comme celui-ci, où on aimerait bien être un peu tranquille, c'est toujours dans des moments comme celui qu'un évènement spécial nous arrive dessus, sans crier gare. Quand les cours se sont finis, ce jour-là, j'ai comme à mon habitude continué à discuter quelque peu avec mes amis en attendant le bus. C'était devenu, au fil des ans, une habitude de bavarder quelques minutes après la fin des cours, c'était une manière comme une autre de décompresser entre le travail en classe et celui à la maison, une petite déconnexion entre deux moments ennuyeux ... Bon, non, en fait, cela ne me dérange pas de travailler et, même si je n'irai pas jusqu'à dire que ça me plaît, je dois quand même bien reconnaître que ce n'est pas pour moi une corvée. Et pourtant, je ne travaille pas beaucoup, pas assez en tous cas, pour la simple et bonne raison que je trouve toujours autre chose à faire ! J'ai la mauvaise habitude de toujours repousser le travail, et à la fin, je n'ai plus assez de temps pour le réaliser ... Et même lorsque je me dis - car je m'en rend compte en plus ! - qu'en allant faire telle ou telle chose je n'aurais plus de temps pour le travail scolaire, hé bien j'y vais quand même, je ne peux pas m'en empêcher, il y a toujours une petite voix dans ma tête qui me souffle que le temps restant sera largement suffisant pour réaliser l'ensemble de mes travaux scolaires. Conséquence : mes notes ne sont jamais très élevée, cela fait déjà plusieurs années d'affilée que j'atteint de justesse la classe supérieure ; c'est dans ma nature, je suppose que je n'y pourrai jamais rien changer …Et puis surtout, tant que ça passe, pourquoi travailler plus ? J’aurais largement le temps de travailler plus tard, c’est tellement long une vie … La retraite est encore loin, des années et des années de travail acharné m’attendent, alors la question qui se pose est : pourquoi travailler alors que je peux l’éviter ? Et, n’ayant pas trouvé de réponse convenable, j’ai fini par adopter le point de vue selon lequel la jeunesse que j’étais en train de vivre, il fallait la dédier aux loisirs tant que je pouvais encore en avoir … C’est avec ces pensées en tête que je suis entré dans le bus. Un bus où ma vision de la vie allait radicalement changer … Pourtant, tout avait plutôt bien commencé, enfin comme d’habitude quoi : une petite bousculade à l’entrée du bus (c’est vrai, on sait jamais, des fois qu’il n’y aurait pas de place pour les 15 lycéens qui attendaient le bus dans un véhicule manifestement aux trois quart vides …), la carte à montrer au contrôleur qui - comme à son habitude d’ailleurs - poussait un soupir devant ce manque de maturité de la jeunesse (« délinquants ! » marmonnait-il parfois), et puis quelques personnes assises ici et là. Rien de bien inhabituel. Je prend une place assise, rapidement, avant que toutes ne soient prises. C’est le plus compliqué, il y a toujours des groupes qui se forment, et rien n’est plus désagréable de s’installer sur un siège face à un groupe … Ça met assez mal à l’aise ! Je me hâte donc de me diriger vers un siège seul, sans personne en face ni à côté et, comme d’habitude, j’arrive trop tard ! Le garçon juste devant moi voit la place que j’avais, moi, repérée depuis que je suis entré dans le bus ! C’est injuste, mais c’est comme ça. Et puis ça arrive tellement souvent que je ne m’en offusque même plus. Mais là, cette fois-ci, pourtant, l’habitude n’est pas. Et c’est peut-être un signe, un signe qui me dit « fais attention, aujourd’hui, il va se passer des choses ». Le signe en question, c’est que le garçon, qui a les écouteurs sur les oreilles, celui-là même qui vient de prendre la place que j’ai repéré, s’assoit et croise mon regard. Et ses yeux se détournent immédiatement pour se fixer sur le siège où il vient de se poser. Il me regarde à nouveau, puis se lève d’un bon, retirant de la main droite son casque de ses oreilles et, de sa main gauche, le sac qu’il avait posé à ses côtés. Il se poste juste devant moi, s’inclinant légèrement, et marmonne en rougissant un « dsoléjavaipavukcététaplace », que j’ai déchiffré comme étant l’expression de « Désolé, je n’avais pas vu que c’était ta place ». Et puis, immédiatement, il fait volte face et commence à partir un peu plus loin. Surprise, je lui dit quand même merci, ou plutôt je lui crie merci puisqu’il est déjà arrivé à l’extrémité du bus : pour une fois que j’ai la chance de tomber sur un gentleman ! Je m’assoit donc, le sourire aux lèvres, et je le vois alors revenir, dépité. Apparemment, il n’y a plus de places libres, et il est obligé de rester debout. Il regarde à droite, à gauche, et opte finalement pour un coin du bus, le coin qu’il juge le plus calme. Ou plutôt le moins bruyant. Ça crève les yeux, il n’est pas du tout à l’aise dans le bus, apparemment il n’a pas l’air d’avoir beaucoup de connaissances dans le véhicule. Et l’endroit qu’il a choisit n’est pas le meilleur : il est juste à côté d’un petit groupe, et ses membres commencent à l’embêter … Oh, ce n’est évidemment pas méchant, mais pour quelqu’un de timide, il n’y a rien de pire que de devoir servir de cibles pour les amusements d’un petit groupe. D’ailleurs ça se voit, il tourne la tête … Et notre regard se croise à nouveau ! Ma réaction est immédiate : je l’invite à venir près de moi. Je n’ai aucune envie de le draguer, mais il a été bien gentil de me céder sa place, je ne vais pas le forcer à s’exiler non plus, il y a largement la place pour qu’il reste debout près de moi. Et puis on pourra discuter un petit peu comme ça, c’est pas plus mal. Il s’approche, tout crispé. Il a peur que je le mange ou quoi ? Je ne suis pas méchante pourtant !!! Il s’approche encore un peu, et arrive à hauteur d’une poignée pour se retenir. Dommage qu’il ait tant hésité à venir, car il perdu beaucoup de temps … Trop de temps !!!! Ainsi en a décidée la dure loi du bus ! Ce dernier freine brusquement pour se placer juste devant la l’abribus, et évidemment le garçon se retrouve projeté en avant, s’écrasant sur le côté du siège où je suis. Il marmonne un « désolé », et se relève immédiatement : le ridicule ne tue pas, certes, mais devant des lycéens, ça peut alimenter les conversations assez longtemps pour que la victime l’entende jusqu’à la fin de sa scolarité. Et c’est seulement là que je réussi à le reconnaître : c’est Shawn !!! Un garçon de ma classe ! Je ne connais pas encore tous les visages, c’est pour ça que j’ai mis autant de temps à m’en rappeler. Et les visages des timides, en plus, c’est toujours ceux que l’on a le plus de mal à repérer … C’est alors que l’on commençait à discuter que tout à commencé … L’arrêt qu’avait observé le bus, jamais il n’aurais dû le faire. Moi, comme d’ailleurs tous les passagers je pense, ont par la suite regretté que le chauffeur n’aie pas oublié de s’arrêter ! Quelques passagers sont rentrés, 4 ou 5, je n’ai pas fait attention, c’est le dernier que j’ai plutôt remarqué. Il faut dire que personne ne pouvait l’ignorer, car on ne peut pas ne pas voir un homme quand celui-ci entre dans un bus en brandissant 2 mitraillettes à bout de bras … - LE PREMIER QUI BOUGE, J’LE TUE ! Voilà qui a le mérite d’être clair. Combien faut-il de temps, en étant une personne normalement constituée, pour différencier un canular d’un vrai détournement ? J’avoue n’en rien savoir, mais ce dont je suis sûre, c’est que j’ai sentit que ce n’était pas une simple blague dès que je l’ai aperçu. L’intuition probablement. Et là, mon intuition, j’aurais vraiment aimé qu’elle soit fausse, dommage que ça ne se commande pas … Après nous avoir dit de ne pas bouger une nouvelle fois (« c’lui qui bouge, y morfle, c’est compris ? »), il a commencé à marcher dans le bus en faisant signe au chauffeur de démarrer, ce que ce dernier s’est empressé de faire pour éviter d’avoir un trou entre les deux yeux. Et là, dans ce genre de moments, on pense à plein de trucs. L’avenir par exemple. Et je peux vous dire que là, ici et maintenant, mon avenir, je ne le vois pas forcément reluisant, car il pourrait bien s’achever dans ce bus … Pour ceux qui n’auraient pas suivi, ou pas complètement assimilé ce que je viens de dire, je vais le résumer en une phrase, phrase qui sera, somme toute, relativement simple : je suis dans un bus pris en otage par un dangereux kamikaze armé de deux mitraillettes. | |
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| Sujet: Re: Leur monde à eux Mar 22 Aoû à 16:42 | |
| Dit comme ça, c’est déjà beaucoup plus clair, n’est-ce pas ? Mais c’est pas forcément mieux, car j’avoue que j’aimerai bien que ça se termine assez vite. Le voir déambuler de l’avant à l’arrière du bus et inversement, ça me tape un peu sur les nerfs. Voir celui qui sera peut-être votre meurtrier passer 1, 2, 10 fois devant vos yeux, ça fais quand même naître chez vous un sentiment de frustration, non ? Savoir qu’il va peut-être vous tuer tout de suite, ou dans une heure, qu’il va mettre fin à votre vie quand l’envie lui en prendra … Et le pire, c’est que tout le monde pense ça ! Tous ensemble, c’est sûr que l’on pourrait le vaincre sans problème, mais il y a quelque chose qui nous retient … La peur … En s’y mettant tous, on pourrait le désarmer, oui, mais peut-être aurait-il le temps de tirer néanmoins un coup. Un seul. Qui toucherait peut-être quelqu’un. Et peut-être que ce quelqu’un, qui pourrait être touché dans l’éventualité où notre adversaire aurait le temps de tirer, hé bien peut-être mourrait-il de cette blessure. Une succession de supposition peut parfois mener à de grandes découvertes. Là, c’est le contraire. Toute envie de rébellion est annihilée, la peur nous paralyse. A cause de ça, peut-être allons nous tous mourir … Le bus ralentit. La fin du calvaire ? Dans les films, les preneurs d’otages laissent souvent partir les femmes et les enfants … Je suis une femme ET une enfant ! J’ai toutes mes chances ! Le bus s’arrête, le preneur d’otage aboie au conducteur d’ouvrir la porte, et deux hommes montent. Des complices apparemment. Ça va vraiment mal, tout se complique maintenant ! Déjà qu’on avait tous peur de nous battre quand il n’y en avait qu’un, alors s’ils sont trois, tous nos espoirs s’envolent … Ils discutent un peu, ignorant totalement les otages, puis le bus repars … Perdu pour sortir en courant … En plus, qui sait que nous sommes retenus en otage ? Personne. Seuls les passagers du bus le savent, or ce sont eux les otages, privés de toutes communications avec l’extérieur. Le bonheur, quoi. Dans ce genre de moments, en plus, toutes sortes d’idées vous traverse l’esprit. Je dis ça car c’est-ce qui m’arrive, j’ai pensé aux cours … Peut-être aurais-je un délais pour rendre mon devoir de français ! En arrivant en cours, demain, je vais pouvoir dire « j’ai été retenue en otage dans le bus, et donc je n’ai pas eu le temps de faire mon devoir ». Et, à mon avis, je vais aussi me faire virer du cours puisque ma prof n’avalera jamais ça, c’est trop gros. Et pourtant, c’est la vérité. En regardant autours de moi, tout de même, je trouve que je ne m’en sors pas si mal que ça. C’est vrai que je ne suis pas, mais alors pas du tout à l’aise, c’est vrai, mais je suis encore loin de paniquer. Quand je vois, devant moi, les autres lycéennes, je me dis que peut-être j’ai des nerfs d’aciers ! Bon, c’est pas le cas, mais mon comportement sage et posé et totalement en contradiction avec le leur : l’une est dans les bras de son petit copain, l’air terrifiée, deux pleurent à chaude larmes, une autre encore a une expression de terreur sur le visage … Les lycéens, un peu plus calmes, ne me paraissent pas vraiment plus rassurés d’ailleurs. La majorité d’entre eux paraissent sereins, mais la peur se lit dans la crispation de leurs mains. En fait, un seul passager dans ce bus ne semble pas avoir peur le moins du monde. Le plus inattendu compte tenu des circonstances. Toujours debout à côté de moi, Shawn n’a pas bougé d’un poil. Seule l’expression de son visage a changé ; il paraît tendu, mais pas craintif, c’est plutôt comme s’il était sur ses gardes, prêt à s’engouffrer dans la première faille qu’il trouverait. Il se dégage quelque chose de réconfortant, d’apaisant. Peut-être est-ce pour ça que je suis si calme, parce qu’il est à côté de moi. -AAAAAARRRRRRRRRGGGGGGGHHHHHHHHHH ! Tout s’est passé si vite que j’ai à peine eu le temps de voir ce qu’il se passait avant que le cri de douleur d’un de nos agresseur ne me transperce les tympans. Alors que ce dernier marchait nonchalamment et passait devant nous, Shawn s’est jeté sur son bras gauche et lui a retourné dans le dos jusqu’à ce que le bruit des os qui se brisent se fasse entendre ! Les deux autres se retournent, juste à temps pour voir leur ami se faire éjecter par une vitre du bus par le pied gauche de Shawn. Un devant, un derrière … Shawn se rue sur l’adversaire le plus proche, celui qui est à l’avant du bus et, sautant sur lui, il l’empêche de se servir de son arme d’un coup porté à l’épaule. Mais il ne lâche pas l’épaule, et tord le bras armé sur le côté. Là encore, le bruit des os se fait entendre, mais cette fois ce sont les os du genoux qui se font entendre : Shawn vient de donner un coup d’une violence inouïe dans la jambe gauche de son adversaire, forçant cette dernière à se plier dans le mauvais sens … Mais cette fois, aucun cri ne se fait entendre. Pas le temps. Avant d’avoir eu le temps de réagir, l’agresseur blessé et envoyé sans ménagement contre l’une des barres qui servent à ceux qui restent debout pour s’accrocher. Une fois, deux fois, puis une troisième fois, et il s’écroule sans avoir pu jamais tenter quoi que ce soit. Shawn semble s’écrouler néanmoins, mais se relève immédiatement. Le troisième preneur d’otage, au fond du bus, le tient en joue. Shawn a perdu. Il lève les mains et … le bus pile net ! Voilà donc pourquoi Shawn s’est écroulé, pour faire part au chauffeur de ce qu’il devait faire. Et apparemment, ça marche, l’homme s’écroule en arrière, faisant tomber devant lui sa mitraillette. Je me précipite pour la lui prendre avant qu’il ne se relève. Je l’atteint, mais la rejette aussitôt le plus loin possible, hors de sa portée : la main du propriétaire de ce fusil vient de m’agripper. L’homme me met le bras autours du cou et me place juste devant lui, comme un bouclier. De son autre bras, je ne vois que l’épaule, mais je sens la lame d’un couteau posé sur mon cou. Les ennuis continuent … La porte du bus s’ouvre, comme vient de le demander mon agresseur. Il faut aussi dire que le chauffeur n’a pas eu trop le choix, c’était ça ou le gars me tuait, alors il a préféré ouvrir. Là, j’avoue que je panique un peu, même si j’essaye de la cacher. Jamais je n’ai été aussi proche de mourir. Et le héros du jour, Shawn, est juste en face. Il me regarde. Je sens dans son regard l’impuissance, et l’énervement de ne pouvoir rien faire. Il a peur, ça y est. Mais ce n’est pas pour lui qu’il a peur : c’est pour moi. Mais je n’ai plus le temps de le regarder, je suis déjà en dehors du véhicule, emmené de force. On ne marche plus, on court, on court vers la première ruelle que l’on trouve. Mon agresseur n’a pas l’air de savoir exactement où il va, il cherche juste à s’échapper le plus vite possible de ce cauchemar. Il n’avait évidemment pas prévu cela, que sa prise d’otage s’achève à cause d’un lycéen. Devant la force de ce dernier, il fallait fuir, le plus vite possible. Quand un gosse est capable de vaincre à main nue deux adultes lourdement armé, il ne faut pas jouer, il faut juste se barrer. Et c’est-ce qu’il fait. Mais je connais cette ruelle. C’est une impasse. Si on escalade le mur de fond, j’aurais au moins une chance de pouvoir m’enfuir. Je jette un dernier coup d’œil en arrière en m’éloignant à tout allure du bus, et je voit Shawn qui se lance à notre poursuite. Arrivé au fond de la ruelle, on s’arrête, coincés. Mon agresseur me fait signe de faire demi tour et, sous le menace, je n’hésite pas longtemps et m’exécute, mais on se retrouve nez à nez avec Shawn, qui nous a rattrapé. Il est sûr de lui, et se dresse sur le chemin de la sortie. Je sens, derrière moi, l’hésitation, la peur. C’est pourtant mon agresseur qui a le couteau, qui a un otage, qui a la puissance en fait. Mais pourtant, malgré cela, c’est lui qui tremble. Shawn n’est plus le garçon timide de tout à l’heure, quand on s’est parlé dans le bus. Il n’est plus le garçon rassurant en quête de la faille dans la carapace adverse, non. Tel que je le voit maintenant, il est clairement celui qui détient le pouvoir. Le maître de la peur. Sa démonstration dans le bus n’y est, certes, pas étrangère, mais tout dans son attitude montre qu’il n’a aucune peur, aucune hésitation. Comme s’il savait exactement ce qui allait se passer. Ne pas hésiter, c’est faire douter l’autre, et c’est ce qui se passe en ce moment. Ma première pensée est « je suis sauvée », mais elle ne fait que me traverser l’esprit. Très vite. Car la lame du couteau que tiens l’homme derrière moi se lève et semble s’abaisser … Vers ma poitrine … Et c’est là que mon souvenir s’arrête. Une douleur me transperce, et j’ai à peine le temps de baisser les yeux que je me sens partir. Une dernière vision de la rue, où je vois Shawn, qui, se jetant sur mon agresseur, l’ empoigne pour le projeter contre le mur et lui asséner un violent coup au niveau de la tête. Mes yeux se ferment. Le sol se rapproche de moi. Je tombe. Je suis par terre. La douleur s’estompe, en même temps que tous mes sens. Un dernier petit bruit me parvient à l’oreille, celui d’un corps qui heurte le sol. Ce n’est pas le mien, c’est celui de mon agresseur. Bien fait. Et, sur cette pensée, mes dernières forces disparaissent, et le sommeil me prend. Cette fois, c’est sûr, je l’ai mon délais pour le devoir de français … | |
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| Sujet: Re: Leur monde à eux Mar 22 Aoû à 16:42 | |
| Elle, Lui, EuxChapitre 3, 18 -26 octobre 1998(Narrateur : Shawn)
Ce qui est arrivé entre la rue et l'hôpital, je ne m'en souviens pas très bien, j'avais les yeux rivés sur la blessure de Léa, et le fait que je l'aie transporté jusqu'à la voiture d'un automobiliste qui passait par là relève déjà du miracle ! Lorsque quelque chose s'écroule en nous, lorsque l'on voit la personne aimée blessée, complètement ensanglantée, on s'imagine nécessairement le pire, et la peur nous paralyse ... Moi, je ne me suis pas retrouvé paralysé de terreur. Est-ce dû à une plus grande force mentale que l'humain moyen ? Non, c'est même le contraire ... Ce qui nous paralyse, c'est notre conscience, car on voit la personne blessée, et on cherche que faire, on ne peut bouger car notre esprit cherche la meilleure des solutions à adopter ; pour ma part, devant ce spectacle, ma conscience s'est évanouie, et mon inconscient a guidé mes pas. C'est ma faiblesse qui m'a fait bouger. D'après ce que l'on m'a raconté tandis que j'étais dans la salle d'attente de l'hôpital, je suis sorti de la ruelle avec Léa dans les bras. Elle avait sa blessure béante au ventre qui rejetait des flots de sang, sang dont j'étais d'ailleurs couvert. Apparemment, lorsque l'automobiliste m'a vu émerger de cette ruelle, il a cru que j'avais assassinée Léa ... Comment dois-je prendre cette remarque ? Ais-je réellement l'air d'un meurtrier ? Après réflexion, je me suis rappelé du combat, et il m'est revenu en mémoire que j'avais sur le dos le fourreau de mon sabre, et probablement même que le sabre était dans ce dernier puisque c'est là que je l'y ai retrouvé un peu plus tard dans la journée ; évidemment, lorsqu'un garçon sors d'une ruelle sombre, complètement ensanglanté, un sabre sur le dos, l'air totalement désemparé, avec une jeune fille blessée dans les bras, je comprend qu'on aie pu croire que j'étais l'agresseur ... Mais la personne qui nous a transporté jusqu'à l'hôpital, cet homme qui m'avait pris pour un meurtrier quelques instants plus tôt s'est presque instantanément aperçu de son erreur ... Quand je suis sorti de la ruelle, d'après ce qu'il m'a dit, les passagers du bus m'attendaient à la sortie, et ont commencé à applaudir lorsque je suis sorti de cette ruelle, jusqu'à ce qu'ils s'aperçoivent que Léa était plus que mal en point. L'automobiliste, presque naturellement, s'est rué hors de sa voiture et en a ouvert la portière arrière, de manière à ce qu'on puisse y installer Léa, puis nous sommes tous trois parti vers l'hôpital et, moins de cinq minutes plus tard, Léa était sur un lit, en train de se déplacer vers la salle d'opération ... C'est ici que j'ai repris mes esprits, lorsque je l'ai vu qui s'éloignait vers le bloc opératoire ... Réfléchissant à toute vitesse, j'ai rattrapé le brancard avant qu'il ne rentre en salle d'opération, et j'ai glissé ma main dans sa poche pour y attraper son téléphone portable ; l'infirmière a eu l'air outrée que j'ose voler une blessée, mais lorsqu'elle s'est rendue compte que c'était le téléphone que je cherchais, je suppose qu'elle a compris mes motivations, et elle m'a alors juste dit de me pousser car je ne devais pas rentrer dans le bloc. Ayant le téléphone, alors que je voyais les portes se refermer, ce qui signifiait que l'opération allait commencer, j'ai fouillé le répertoire pour y trouver une personne de sa famille que je pourrai prévenir, et le premier numéro que j'ai trouvé a été celui de sa mère. Je n'ai pas réfléchis à ce que je faisait, j'ai composé le numéro, appuyé sur la touche "appel", et j'ai entendu la sonnerie qui prouvait que l'appel était en cours ... Ce n'est que lorsque la mère de Léa a décroché que je me suis rendu compte que je n'avais aucune idée de comment lui présenter les choses. Comment peut-on téléphoner à quelqu'un qu'on ne connaît pas pour dire "votre fille est à l'hôpital" ? J’ai balbutié, hésité, mais j’ai quand même fini par me faire comprendre, et me voici maintenant à attendre, impuissant, dans le couloir. Impuissant comme tout à l’heure, quand l’homme l’a empoigné pour s’enfuir du bus. C’est un peu la même sensation. Elle est en danger, mais je ne peux pas agir, je ne sais pas quoi faire pour aider. Et ne pas savoir quoi faire, pour moi, il n’y a rien de pire, surtout si ça concerne la fille que j’aime … L’hôpital étant situé en plein centre-ville, à cause des bouchons causés par la sortie des bureaux, les parents de Léa ont du mal à arriver. Sa mère, qui est sur le siège passager, m’a appelée pour avoir des nouvelles à peine 5 minutes après que je l’ai prévenue que sa fille était à l’hôpital. Elle était paniquée, cela s’entendait à sa voix. C’est pour ça qu’après lui avoir dit tout ce que je savais, je n’ai pas décroché. J’ai continué à lui parler, doucement, en essayant au maximum de la rassurer, du mieux que je pouvais. C’est ainsi que, depuis une dizaine de minute, je discute avec la mère de la fille à laquelle je n’ai jamais osé parler … La vie peut prendre parfois une drôle de tournure. Mais ça ne me dérange pas de tenter de la rassurer, au contraire, ça me fait du bien. Tant que je lui parle, je pense moins à ce qui pourrait arriver. Et elle, en m’écoutant, je suppose que ça l’apaise un peu, j’emploie des mots et des tournures de phrases qui dédramatisent au maximum la situation dans laquelle est Léa. Enfin, ils arrivent. J’ai un peu de mal à les reconnaître, il passe tellement de monde dans les couloirs de cet hôpital, mais je me rend compte que c’est eux lorsqu’ils demandent à l’accueil où est Léa. Je leur fait signe, il me rejoigne. Je me présente rapidement, le plus possible, en ne leur disant que mon nom, mon prénom, et que je suis dans la même classe que Léa. Et puis vient le moment douloureux où je leur explique ce qui s’est passé. Comment le troisième agresseur l’a prise en otage pour finalement la poignarder au fond de cette ruelle sans que j’ai pu l’en empêcher Je sens les larmes qui me viennent aux yeux, mais je les retiens. Non pas que je veuille paraître insensible, mais je sens que cette mère, à côté de moi, est dans un état de fragilité extrême, et il faut dans ces moments-là se montrer fort, pour qu’elle reprenne confiance elle-même. A la fin de mon récit, je marque une pause. Et puis je m’excuse. Plusieurs fois. De ne pas avoir été plus rapide. De ne pas avoir pu empêcher ça. De ne pas m’être pris le couteau à sa place. Je sens sur moi leur regard, que j’imagine sévère, mais, après quelques secondes, le père de Léa me remercie. Je ne m’y attend pas du tout. Relevant le regard, je m’aperçoit que sa mère acquiesce les propose de son mari. Et, depuis que je suis tout petit, je ressens plus que jamais un sentiment de tristesse et de manque incomparable : celui d’un père et d’une mère. Car les gens qui attendent à côté de moi sont formidables. Leur fille est en train d’être opérée, on ne sait pas ce qui va leur arriver et, pourtant, malgré la douleur et la peur qui les assaille, il réussissent à éprouver leur sympathie envers la personne qui n’a pas réussi à sauver cette même jeune fille. Quelques heures ont passé avant que ce moment n’arrive. Ce moment où je revois ce si beau visage, apaisé. L’opération s’est apparemment bien passée, et Léa devrait se réveiller bientôt, mais pas avant trois ou quatre jours nous a dit le chirurgien. Qu’à cela ne tienne, j’attendrai le temps qu’il faudra, mais je veux être là jusqu’à son réveil. Ses parents m’ont dit que, peut-être, je devais partir, et je leur ai expliqué que je voulais rester, j’ai dû me montrer convainquant. Je leur ai dit que s’il y avait du changement, je les préviendrais immédiatement, et donc qu’ils pouvaient partir en toute tranquillité. C’est là qu’ils m’ont dit que ce n’était probablement pas une bonne idée, car mes parents allaient s’inquiéter. Et c’est là que je leur ai révélé que j’étais orphelin, cette si petite révélation qui allaient pourtant avoir plus d’influence que je ne pensais … Sans aucun argument contre, ils ont donc accepté que je reste à veiller leur fille, ce que j’ai d’ailleurs fait. Trois jours durant. Je suis maintenant fatigué, car je n’ai pas dormi durant ces trois jours, je me suis interdit de sommeil, au cas où elle se réveillerai pendant que je dors. J’ai mal au bras, ça me maintient éveillé. Lorsque je me suis jeté sur le preneur d’otage, ivre de rage, je n’ai pas prêté attention à son couteau, ou plutôt je savais ce qui allait m’arriver, mais peu importe, j’avais un but, je voulais absolument l’arrêter. Et le couteau s’est fiché dans mon bras droit, un peu au dessus du coude. J ‘ai réussi à le dissimuler, tant bien que mal d’ailleurs, aux yeux des parents de Léa et du personnel hospitalier, heureusement … Mais maintenant, même cette douleur a du mal à obliger mes yeux à rester ouverts. Alors qu’on entame le 4e jour, soit la 3e nuit sans dormir, je la vois bouger. Un petit doigt, puis un second, puis la main entière qui se lève, et se porte à son front. Puis elle ouvre les yeux. Enfin. Elle a du mal à se réveiller, puis semble réussir à faire le point. Elle regarde dehors, puis son regard se tourne vers moi, et j’arrive à voir la surprise dans ses yeux. Elle ne s’attendait pas à me voir, ça crève les yeux. Et je la comprend. Elle se reprend un peu, et me dit un « bonjour » endormi : elle n’est pas encore complètement éveillée. J’essaye de lui répondre. Sans succès | |
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| Sujet: Re: Leur monde à eux Mar 22 Aoû à 16:43 | |
| . Je réessaye : même résultat. Est-ce la timidité ? Nan, c’est différent, c’est … C’est la fatigue. J’ai du mal à rester ne serait-ce qu’assis. Je sens que je commence à vaciller : c’est mauvais signe. Je tombe et m’écrase au sol, provoquant un petit cri de stupeur de Léa. Une douleur me traverse le bras. Jetant un coup d’œil, les yeux à moitié ouverts, j’aperçoit sur mon tee-shirt qu’une petite auréole de couleur sang commence à se répandre : ma blessure s’est rouverte. C’est bien ma veine. Mais bon, je suis dans un hôpital, tout va bien se passer après tout. Confiant, je ferme les yeux, et m’endort immédiatement <>Changement de narrateur<> L’opération a du bien se passer, car quand je me suis réveillée dans ma petite chambre d’hôpital, je n’étais pas vraiment branchée de partout, juste un fil branché à la main, et un autre qui passait sous les draps pour venir se ficher sur ma blessure. Pas pratique. Mais bon, je ne pouvais bouger de toute façon … Shawn était là. Assis sur une chaise, près du lit. Je ne l’ai pas tout de suite remarqué, il était immobile et silencieux, et puis je n’étais pas forcément très réveillée non plus. Quand je l’ai vu, j’ai été vraiment surprise, je ne m’y attendait pas ! Après tout, avant que l’on ne se parle dans le bus, j’ignorais presque son existence. Je l’ai salué gentiment mais lui n’a pas répondu. Il s’est écroulé, et j’ai vraiment eu peur ! Surtout qu’en quelques secondes, une petite mare de sang s’était formée sous lui … Les infirmières sont intervenues rapidement, et l’ont soigné. D’après ce qu’elles m’ont dit, cette blessure devait dater du combat après celui du bus, mais Shawn n’avait dit à personne qu’il était blessé. Pire, il avait même dissimulé sa blessure en tentant de stopper le flot de sang en exerçant une pression sur son bras. Mais ce n’est pas uniquement à cause de ça qu’il s’était évanoui, une infirmière m’a confié que, durant les presque 4 jours où j’étais endormie, il n’a pas fermé l’œil, et m’a veillée. C’est sûr que, après, il avait besoin de dormir, je comprend qu’il n’ai pas tenu le choc ! Et la situation s’est inversée. Lui qui me veillait est maintenant sur un lit d’hôpital, et je me retrouve à guetter son réveil. Oh je ne suis pas, comme lui, à attendre sur une chaise, non, je suis blessée quand même, mais la chambre dans laquelle je suis est double, et Shawn a donc été installé ici. Mes parents, qui sont passé un peu plus tard, ont semblé surpris qu’il n’ai pas dormi du tout. Pour eux, il restait dormir dans l’hôpital, mais il dormait quand même ! Ils m’ont raconté un peu ce qui s’était passé, car j’avoue que j’avais un peu de mal à me rappeler. Et ainsi donc, j’ai bien vu ce qu’avait fait Shawn. Ma mère me dit qu’il est amoureux de moi. J’avoue que je ne sais pas. Peut-être est-ce simplement son côté chevaleresque qui s’exprime un peu plus que chez les autres. Peut-être n’a-t-il pas peur de la mort. Peut-être a-t’il juste voulu faire la une des journaux du coin. Je n’en sais rien. Ce que je sais en revanche, c’est qu’il ne me laisse pas indifférent. Je ne vais pas lui tomber dans les bras, non quand même pas, mais je l’ai vu risquer sa vie sans état d’âme pour préserver celle des autres, dont la mienne, et me veiller en ignorant la blessure qui lui lacérait le bras … Et puis il y a surtout le fait que, dans le bus, il était quelqu’un d’autre. Le Shawn habituel, timide et effacé, ne m’intéressait pas plus que les autres, mais maintenant que je connais cette nouvelle facette de lui, quand je vois comme sa présence est rassurante, et imposante pour ceux qui s’opposent à lui, je me dit que je l’ai jugé un peu vite en classant dans la catégorie des garçons peu intéressant. Et finalement, oui, peut-être bien que je l’aime … Son bras semble en bien mauvais état. Il aurait fallu qu’il soit soigné rapidement, et un laps de temps de trois jours n’est pas considéré comme « rapidement ». J’ai surpris une conversation entre une infirmière et un médecin, qui parlaient de Shawn, et qui craignaient que son bras ne soit désormais limité qu’à 80% de ses capacités, peut-être moins. C’est quand même bien dommage pour lui, qui a fait ça pour sauver des innocents. Il est actuellement endormi, le visage serein, et ne se préoccupe donc pas de son bras, mais qu’en sera-t-il lorsqu’il se réveillera ? Apparemment, il devrait dormir au moins 24h. On en est presque au double, mais personne ne semble s’inquiéter … A part moi, évidemment. J’ai vraiment hâte qu’il se réveille. Ça me ferait quelqu’un pour discuter, ce serait bien. Car là, je ne met même pas la télévision, j’ai trop peur de le réveiller. Quand des personnes viennent me voir, on parle tout bas, pour la même raison. Et puis surtout parce que ça m’inquiète un peu de voir quelqu’un dormir pendant si longtemps ! Cette nuit, après plus de 2 journées complètes de sommeil, Shawn s’est réveillée. Il était 3h et demi du matin environ, j’étais en train de dormir. Et puis je me suis réveillée, ça arrive régulièrement, j’ai le sommeil très léger, et j’ai senti quelque chose. Un regard. Et j’avais raison, car à peine avais-je commencé à bouger que j’ai vu un mouvement furtif : il venait de tourner la tête, comme s’il avait peur que, dans le noir, je puisse voir qu’il était en train de me regarder. - Shawn ? - … - Shawn ? - … - Arrête de faire semblant de dormir, je t’ai vu bouger ! - … Bon … Jour … - Ça va ? - Heu … Oui et toi ? - Rooh, détend-toi un peu , je te demande si ça va ton bras - Heu, ben … marche, oui. Il fait un peu mal et il bouge pas pour l’instant, mais il marche … J’ai allumé la lumière. Aucun de nous ne voulait dormir, c’était sûr, nous étions aussi réveillés l’un que l’autre. Et finalement, petit à petit durant cette nuit, nous avons commencé tous deux à être un peu plus détendus. Un peu comme 2 personnes qui se découvrent peu à peu, sauf que c’était pour nous le hasard qui nous avait fait nous rencontrer, rien de plus. Tous les sujets y sont passé durant ces quelques heures : la rentrée au lycée, les bêtises qu’on avait pu faire chacun de notre côté, la politique, on a critiqué à peu près tout ce qui pouvait l’être, des élèves de la classe jusqu’aux grandes figures historiques, jamais nous n’étions à court de sujet, c’était magique. A 9h, l’infirmière est passée, et n’a parut nullement surprise du réveil de Shawn. Elle m’a posé sur le lit le plateau du petit déjeuner, a fait de même pour Shawn, et est repartie aussi rapidement, non sans avoir mis sur les plateaux les médicaments que chacun de nous se devait de prendre avec son repas. En prenant la cuillère, ma serviette est tombée ; j’ai bien essayé de la rattraper, mais les fils parcourant le lit m’ont empêcher de réaliser le mouvement adéquat, et la serviette est venue tomber mollement au pied du lit sans que je ne puisse me relever pour l’attraper (« REPOS ABSOLU » m’avait si gentiment fait comprendre le médecin, en le disant assez fort pour que tout l’étage soit au courant). Shawn, lui, n’avait presque aucun fils, et s’est levé pour aller la ramasser. Il la prise, et a relevé la tête. Et c’est à ce moment là que je l’ai embrassé. Une envie, une impulsion. Je l’aime. Et apparemment, c’est réciproque. Ainsi naît une relation on dirait. Le tableau pourrait faire sourire, deux blessés qui choisissent de sortir ensemble, mais entre nous, pourtant, c’est loin d’être un jeu. C’est vrai qu’il y a quelques jours, je ne le connaissais a peine de vue, et je ne recherchais pas particulièrement de compagnie. Mais lui, c’est spécial. Je commence enfin à me rendre compte de ce qu’est un coup de foudre. C’est imprévu. Ça peut arriver n’importe quand, dans n’importe quelle situation. Mais c’est irrésistible. Et puis le fait d’être ensemble, ça aide. Shawn, ça l’a aidé. D’après ce qu’il m’a dit, il était amoureux de moi depuis plusieurs années, sans que je ne l’ai jamais remarqué, et le fait que j’agisse comme ça, que je lui avoue que finalement c’était réciproque, ça lui a fait plaisir … Et puis au moins, il ne se sentait pas seul quand la nouvelle lui est tombée dessus. Cette nouvelle que je connaissait déjà, à propos de son bras. Elle lui est arrivée hier matin, peu après 11h. Le médecin est arrivé, lui a dit qu’il devait lui avouer quelque chose … Et lui a finalement fait comprendre que son bras ne serait plus jamais le même. La blessure avait été soignée trop tard, et récupérer ne serait-ce que 80% des ses capacités initiales relevait maintenant du miracle … Mais il a tenu le coup. J’étais là pour le soutenir. Et, même s’il était sûr que cette perte lui coûtait beaucoup, jamais je n’ai réussi à lui faire dire qu’il regrettait de m’avoir veillé au mépris de sa santé. Jamais. Car il ne le regrettait pas. Il me semble qu’il craignait tellement qu’il ne m’arrive malheur que pour rien au monde il ne m’aurait quitté des yeux. Il m’aime de tout son cœur, ça crève les yeux. Et je l’aime aussi de tout mon cœur. C’est avec ces pensées en tête que s’est poursuivi notre séjour à l’hôpital. Nous n’y avons passé que quelques jours, mes ces quelques jours ont été intenses. Et, après ce qu’il a fait pour moi et pour les autres passagers de ce bus, il a été remercié tout au long de ce séjour, et a reçu de nombreuses visites et cadeaux. En provenance des passagers. En provenance de la famille de ces passagers. En provenance d’anonymes, qui admiraient son geste. Il est devenu un héros. Mes parents l’apprécient énormément. Et bien qu’ils semblent dissimuler quelque chose, je vois bien que Shawn leur fait penser au fils qu’ils n’ont jamais eu. Tout le monde voit en un jeune héros le fils idéal. Les journées se sont écoulées, encore et encore, puis finalement la bonne nouvelle de notre sortie de l’hôpital nous est arrivée. Enfin. Ne pouvant marcher, c’est en fauteuil roulant que je suis sorti de l’établissement, avec Shawn juste derrière, pour me pousser. En sortant du bâtiment, j’ai vu mes parents, qui étaient venu me chercher. Qui venait chercher Shawn ? Personne à l’horizon. Être un orphelin est vraiment terrible. A l’inverse, pour moi, mes parents me regardaient, en souriant. Impossible de s’éclipser discrètement pour lui dire au revoir comme le ferait une petite amie normale, à l’abri des regards. « Je le ferais après » pensais-je. Mes parents se sont mis à marcher vers nous. Et se sont adressé directement à Shawn, pour lui annoncer une nouvelle que je n’oublierai jamais tant elle fût pour moi importante … - Shawn, tu sais, on cherchait un enfant à adopter, et nous allions régulièrement à l'orphelinat faire des demandes, or l'une d'elles a été acceptée ... Bienvenue dans notre famille | |
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| Sujet: Re: Leur monde à eux Mar 22 Aoû à 16:44 | |
| Chapitre 4 : Le regard des autres26 Octobre - 29 Novembre(Narrateur : Shawn) La nouvelle est arrivée vraiment par hasard, une surprise extraordinaire pour moi. Une famille. Une vraie famille. Oh bien sûr j’ai toujours considéré les autres enfants du foyer comme ma famille, mais c’est différent. Je crois. Avec les autres enfants, c’est comme si j’étais en classe, il n’y avait pas beaucoup de différences en fait, nous faisions tout ensemble. Depuis la toilette jusqu’à l’endroit où dormir. Les dortoirs communs … Plus jamais je n’y irai. Enfin j’espère. J’espère, car y retourner voudrait dire que je suis de nouveau orphelin. Et même si c’est une surprise, je ne veux quand même pas décevoir ces gens qui m’invitent dans leur maison, dans leur vie. Il faut que je leur coûte le moins possible, tant en matière d’argent qu’en matière d’efforts. Bien sûr, il paraît normal que si j’étais un petit diable, ils ne me rejetteraient pas tout de même, on voit bien dans leur attitude que ce genre de chose n’est même pas envisageable pour eux, mais je veux qu’ils soient fiers. Fiers de moi. Fiers d’être les parents adoptifs d’un enfant tranquille. Et là, alors que nous nous dirigeons vers leur maison, quelque chose me picote le ventre, un sentiment de stress, du stress devant l’inconnu. Je suis déjà rentré dans une maison, mais là le contexte est différent. Ce n’est pas UNE maison vers laquelle je m’achemine. C’est ce qui va devenir MA maison. Non pas qu’elle va m’appartenir, non, mais ce sera l’endroit où je vis … Au foyer, c’était LE foyer, pas NOTRE foyer. La nuance est minime, mais elle existe. On ne s’y sentait pas chez nous. On avait plutôt l’impression d’être dans un endroit qui ne nous appartenait pas, et qui ne nous appartiendrai jamais. Nous étions chez quelqu’un d’autre … Ma chambre … Je n’aurais jamais cru ça possible. Ma chambre à moi … C’est un rêve qui se réalise, un petit rêve, certes, mais un rêve tout de même. Les enfants qui ont toujours eu des parents ne peuvent pas se rendre compte de ce que je ressens, car c’est quelque chose qu’ils ont toujours eu. Moi pas. C’est quelque chose que j’ai toujours voulu. Et que maintenant j’ai. Une grande chambre. Mais qu’y mettre dedans ? Je n’ai que peu d’affaires, trop peu pour remplir ne serait-ce qu’un seul des trois placards que comptent la chambre … Les seules affaires que j’ai, ou plutôt auxquelles je tiens réellement, ce sont ces deux sabres que j’ai hérité de mes parents. Il n’y a d’ailleurs que ça qu’ils m’ont légué. A l’orphelinat, les éducateurs, ne m’ont jamais laissé les approcher. « Tu les auras quand tu partiras, c’est pas ici que ça te servira ». Et ils ont tenu leur parole, je peux enfin les toucher. Avec une lettre que j’ai lu dès que je l’ai eu dans les mains. On m’a expliqué quand j’étais un peu plus jeune que mes parents étaient morts dans l’incendie du magasin d’armes qu’il tenaient, des armes à feu surtout. Mais tout ce qui avait été retrouvé en bon état, c’était ces deux sabres, enfermés avec la lettre dans un coffre. UN sabre blanc, un sabre noir. Et sur la lettre, juste quelques mots : « Le blanc pour sauver, la noir pour détruire ». L’interprétation était simple : le blanc servait à défendre pour protéger ce qui nous est cher, le noir à attaquer pour tuer les menaces trop grosses. Mais pour l’instant, leur seule utilité était d’orner l’un murs de ma nouvelle chambre … Un petit bruit derrière moi … Je me retourne et vois Léa qui entre dans ma chambre. C’est vrai, cette maison, c’est aussi la sienne. On peut vraiment dire que je suis le plus chanceux des garçons ! Du statut d’amoureux secret, je passe à celui de conjoint à plein temps … Avec celle que j’aime le plus au monde en plus ! J’ai encore du mal à croire que je vais vivre sous le même toi qu’elle. Là, elle vient juste voir comment je vais … Et me trouve en plan, avec deux sabres en main ! Là, pour s’expliquer, c’est pas gagné … Lors du premier dîner que j’ai passé, j’ai redécouvert la notion de repas. Une cantine, c’est là que j’avais mangé tous mes repas depuis plusieurs années … Les choses les plus simples peuvent être, pour celui qui n’a rien, les plus belles choses au monde. Quelque chose néanmoins me chiffonnait quelque part, et j’ai posé la question qui me trottait dans le tête depuis l’arrivée de cette nouvelle : comment avaient-ils réussi à m’adopter aussi rapidement ? Les adoptions prennent plusieurs mois en temps normal, mais là, en quelques jours seulement, j’arrivais ici, dans cette famille … La réponse ne m’a finalement pas étonnée, car je m’en doutait en fait. Je grandissait, et il devenait urgent de me trouver une famille qui puisse m’accepter et m’aider pour entrer dans la vie active. Les parents de Léa avaient déjà, depuis quelques mois, fait des demandes, mais demandaient des enfants un peu plus jeunes que moi, alors que l’orphelinat privilégiait les adolescents. Et finalement, quand ils ont su que j’étais orphelin, les parents de Léa ont fait volte face pour partir dans le même sens que l’orphelinat, à la condition que l’adoption soit rapide. Ce n’était pas un problème, leur dossier avait déjà été étudié, seuls les papiers restaient à remplir. Une formalité … Le reste est sur ma clé USB, je ne pourrait donc le poster que la semaine prochaine au plus tôt. Mias bon, ça vous fait déja un peu de lecture je pense, combien arriveront jusqu'à la fin ? | |
| | | Braën Assassin
Nombre de messages : 114 Age : 32 Localisation : Ou me mène mes contrats. Date d'inscription : 18/07/2006
| Sujet: Re: Leur monde à eux Jeu 24 Aoû à 23:55 | |
| C'est con moi je pensais que tu fesait dans l'heroic fantasy mais la pas du tout! En tout cas tu as toujours tes deux sabres l'un blanc et l'autre noir... Tu tire ton RPG de ça ou l'inverse? On tout j'attends la suite au plus vite moi je suis sur que les sabres vont servir!! | |
| | | Back to angel Gardien de la forêt
Nombre de messages : 1844 Age : 37 Localisation : Dans mes pensées, perdu comme d'habitude ... Date d'inscription : 21/08/2005
| Sujet: Re: Leur monde à eux Ven 25 Aoû à 10:42 | |
| J'ai déja écrit le suite, sauf que je peux pas la poster puisque que je ne me connecte pas depuis mon ordi ...
Et je tire mon rpg de mes histoires, pas l'inverse quand même !!! | |
| | | Braën Assassin
Nombre de messages : 114 Age : 32 Localisation : Ou me mène mes contrats. Date d'inscription : 18/07/2006
| Sujet: Re: Leur monde à eux Ven 25 Aoû à 11:06 | |
| Ouais je m'en doute un peu.
Pour quand la suite?
Le je suis en plein dans l'histoire... | |
| | | Back to angel Gardien de la forêt
Nombre de messages : 1844 Age : 37 Localisation : Dans mes pensées, perdu comme d'habitude ... Date d'inscription : 21/08/2005
| Sujet: Re: Leur monde à eux Ven 25 Aoû à 11:20 | |
| Ben si je la poste jeudi après midi, c'est le mieux que je puisse faire (je rentre mercredi soir mais je doisp réparer un exam à l'arrach pour la fac. si je me plante, je passe pas en seconde année ! Normalement ça passe sans bosser, mais bon) | |
| | | Mairi Admin / Elfe loup garou
Nombre de messages : 2554 Age : 33 Localisation : Sur un rocher, couvrant la lune d'un regard effrayant... Date d'inscription : 18/04/2005
| Sujet: Re: Leur monde à eux Dim 27 Aoû à 15:59 | |
| Waaaah c'est long.... quand est ce que j'aurai le courage de le lire... nan j'ai pas dit jamais | |
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| Sujet: Re: Leur monde à eux | |
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